Alain aux mains d’argent

40 ans de passion...

C’est une des grandes figures de l’Olympique de Marseille qui part à la retraite en cette fin de saison 2020-2021. Alain Soultanian, kinésithérapeute de l’OM pendant près de 40 ans, quitte le Club.

 

Après 40 ans de bons et loyaux services, Alain Soultanian dit «Muso» quitte l’Olympique de Marseille pour profiter d’une retraite bien méritée. Entre l’OM et l’équipe de France, la liste des stars qu’il a eu entre ses mains serait longue, bien trop longue. Les photos ci-dessous suffiront à nous mettre des étoiles dans les yeux… Et encore il en manque !
De Lisbonne à Moscou en passant par Göteborg, Glasgow, Munich ou même les Antilles, les parties de cartes étaient endiablées et sa bonne humeur rayonnait à l’intérieur du groupe professionnel olympien.

 

Muso, nous avons voulu te rendre hommage avec deux vidéos, la première sur tes souvenirs du sacre européen à Munich tournée pour le 20e anniversaire de la victoire olympienne en Champions League, la seconde où tu te remémores les grands souvenirs de ta carrière en octobre 2016 mais également une lettre signée par notre plus fine plume, Thierry Agnello.

Nous aurions pu titrer «Alain, l’homme aux mains d’or» mais la référence cinématographique au chef d’œuvre de Tim Burton a eu notre préférence. Et puis, Muso, si tes mains sont d’argent, tu es un homme en or !

 

Alain Soultanian

Alain Soultanian avec Basile Boli, Dragan Stojkovic, Jean Tigana, Jocelyn Angloma et Manuel Amoros

 

Alain Soultanian

Jean-Pierre Papin et Alain Soultanian

 

Alain Soultanian

Jean-Marc Ferreri, Abedi Pelé et Alain Soultanian

 

Les souvenirs de la finale à Munich en 1993

 

Alain Soultanian

Alain Soultanian avec Georges Carnus et Robert Nazaretian

 

Alain Soultanian

Michel De Wolf et Alain Soultanian

 

Les émouvants souvenirs d'Alain Soultanian

 

Alain Soultanian

Alain Soultanian et Sabri Lamouchi

 

Alain Soultanian

Avec Bernard Tapie, Jean-Marc Ferreri, Abedi Pelé et Bernard Casoni

 

Alain Soultanian

Benoît Cheyrou et Alain Soultanian

Lettre à Alain Soultanian

Mon cher Alain,

Depuis plus d'un an que la covid rythme notre vie, nous n'avons pas eu l'occasion de se croiser. De se parler, de tout et de rien. De se sourire.
J'ai appris que tu as décidé d'arrêter. De te consacrer à tes proches. De prendre soin de toi.

Je sais que ce vestiaire, cette odeur de camphre, de sueur, ces déplacements interminables, l'ambiance... Tous ces plaisirs simples qui ont animé tes journées et tes nuits pendant près de 40 ans, vont te manquer.

En même temps, c'est ta vie depuis 1983 quand Gérard Gili, un ancien du CA Gombertois comme toi et Robert Nazaretian que tu avais affronté dans les catégories de jeunes en amateur, t'ont accueilli au club, pour accompagner le centre de formation. Finalement, un peu par hasard, tu réalisais un rêve, toi ce passionné de football, ce "fondu" de l'OM.

 

Tu n'as jamais oublié quand ton papa t'a emmené au stade pour la première fois pour te récompenser. C'était en Ganay où il était abonné, pour un OM-Nîmes en 1968 (4-0).

 

Tu rêvais de faire comme Marcel Prévost et le regretté François Castellonese disparu trop tôt, qui formaient le staff médical olympien. Ces deux gars-là qui ont massé et remis sur pied plusieurs générations, des Skoblar, Magnusson, Paulo Cézar, Jaïrzinho, en passant par Yazaldé, Berdoll, Trésor, Buigues... t'ont certainement influencé. Ils t'ont transmis les qualités et les atouts d'un bon kiné de haut niveau.
Comme quoi, la vie est parfois bien faite.

 

Tu as vite pris la mesure de la tâche. Ce n'est pas un métier, mais une passion voire un sacerdoce qui demande beaucoup de sacrifices. Tu sais de quoi je parle. C'est l'un des rares métiers dans lequel le matin quand tu te lèves, tu te dis : "je vais à l'entraînement".
Puis Gérard Gili "est monté" chez les pros. Tu as suivi.

Ton premier grand souvenir, c'est le doublé 1989. Marseille attendait ça depuis 1972. Ce but de Franck Sauzée, cette "mine" imparable pour le gardien du PSG Joël Bats et les émotions que cette frappe ont entraînées.

 

Evidemment, il y a Munich quelques années plus tard et cette virée nocturne à bicyclette avec Jean Castanéda la veille du match vers 2 heures du matin, dans les ruelles de Rottach-Egern, à une cinquantaine de kilomètres de Munich où vous étiez en préparation.
Tu te souviens aussi d'avoir porté Raymond Goethals sur tes épaules, aidé par Bernard Casoni, après la victoire ?
Tu n'as pas oublié, j'imagine, les 3 jours de fête ininterrompus qui ont suivi, au point d'arriver sans entraînement au stade le samedi 29 mai pour défier le Paris SG pour le titre ? Un match inexplicable, marquée par cette confiance soudaine qui vous a envahis et a décuplé en vous cette force insoupçonnée pour vous conduire à la victoire (3-1) et à un 5e titre consécutif.

Je sais que tu es marqué par la rétrogradation en Division 2 après les événements tragiques de VA-OM, en 1994.
Tout comme par les mots surprenants de Rolland Courbis à la mi-temps de ce mémorable OM-Montpellier (5-4), alors que tout le monde s'attendait à sentir les murs des couloirs trembler de colère...

 

Tu n'aimes pas t'étendre sur les mauvais souvenirs. Tu as raison. Gardons le meilleur. Il est si précieux. L’amitié et la complicité. Quand tu revois un ancien du vestiaire, ton regard s’illumine. Tu as pris soin des « pères » comme Abedi (Pelé) ou Bruno « Popeye » (Germain) puis des fils, André, Jordan ou Valère. Mais quelle aventure !

 

N'es-tu pas le mieux placé pour confirmer aussi qu'une vie de football demande beaucoup. Parfois beaucoup trop ?
Tu l'as payé de ta personne juste avant l'Euro 2012 quand ton coeur t'as fait comprendre qu'il fallait ralentir la cadence alors que tu devais accompagner les Bleus de Laurent Blanc en Ukraine.

 

Nous pourrions y passer des heures. Mais ça fait un peu "vieux-combattants, n'est-ce pas ?
Ecoute "Muso", tu tournes le principal chapitre de ta vie. Mais tu as suffisamment d'anecdotes pour nourrir les histoires que tu pourras raconter à tes petits-enfants....
Tu ouvres un nouveau tome avec de très belles années devant toi. Avec d'autres plaisirs. D'autres émotions.
Et puis tu sais ce qu'ont dit ? "Être à la retraite, c'est n'avoir rien faire et avoir toute la journée pour le faire..."
On s'appelle un de ces jours ?
Allez, bonne route, "Muso".
Et surtout, Allez l'OM !

Alain Soultanian