Photo : OM.fr
Gérard Gili : «Tapie a changé ma vie»
Qu’avez-vous ressenti quand vous avez appris le décès de Bernard Tapie ?
J’ai eu un sentiment de grande tristesse. Cela fait remonter beaucoup de souvenirs. On a beau s’attendre à son départ, je savais qu’il était de plus en plus fatigué, que son combat prenait fin, c’est toujours très brutal et émouvant de l’apprendre.
Vous souvenez-vous de votre première rencontre ?
La première rencontre, c’est un lundi matin après un match à Marseille. Il était descendu voir les joueurs et l’équipe. Il avait licencié Gérard Banide. Nous nous étions rencontrés dans le vestiaire et ensuite nous avions déjeuné ensemble. Il m’avait expliqué qu’il me donnait l’équipe et me fixait l’objectif à atteindre qui était d’être champion de France. L’équipe était très bonne, on avait de grandes exigences. C’était osé de sa part de donner un tel objectif à quelqu’un dont c’était le premier poste à ce niveau.
Comment étaient vos rapports au quotidien avec Bernard Tapie ?
Cela se passait beaucoup par téléphone. Les conversations étaient presque informelles. C’était un échange entre deux personnes qui ont la même passion. Très vite, il n’y a plus eu le rapport patron/employé, c’était deux personnes passionnées de football avec la même exigence pour faire gagner une équipe et atteindre l’objectif fixé en début de saison. C’est cela qui était très intéressant parce que les conversations portaient sur le foot mais également sur d’autres domaines. C’était une conversation entre amis.
L’objectif est atteint dès la première année…
Oui, au fur et à mesure que l’équipe progressait et que les résultats nous amenaient vers la première place, cela devenait très encourageant et cela accentuait l’ambition. Quand nous nous sommes approchés de la fin de la saison et que nous avons vu que nous jouions le titre, les 4 ou 5 derniers matchs, nous étions devenus une machine.
Et pourtant vous quittez l’OM quelques semaines après un second titre de champion…
Cela a duré deux ans et demi, je m’en vais en septembre 1990 quand il décide de prendre Franz Beckenbauer comme directeur technique. Je quitte le club parce que la situation a changé, je n’ai plus la possibilité de faire mon travail à l’OM dans les mêmes conditions. Pour ne pas être de trop dans le club, je quitte l’OM. Il me rappelle en 1994 lorsqu’il licencie Marc Bourrier mais ça ne dure que 15 jours en raison d’un problème de contrat et de communication avec Pierre Cangioni, le président de l’époque.
Que retiendrez-vous de Bernard Tapie ?
Sa personnalité. C’est un homme qui vous donne une confiance énorme et son ambition. Il ne baisse jamais les bras, il veut toujours voir grand. Cela nécessite des exigences mais il vous entraîne sur le chemin de l’ambition.
Avec le recul, que lui devez-vous ?
Je lui dois le début de ma carrière en professionnel et donc le changement de vie. Quelle vie aurais-jeu eu s’il n’y avait pas eu cette rencontre et cette opportunité qu’il m’a donnée ? Rencontrer un personnage comme ça est un moment très important humainement et professionnellement.