Gunnar Andersson fut la première légende de l’Olympique de Marseille. Le Suédois a évolué pendant huit saisons à l’OM (1950-1958) et s’est extrêmement bien acclimaté à la cité phocéenne, voire même un peu trop. Très vite devenu la nouvelle coqueluche des Marseillais, Andersson a inscrit 170 buts en première division sous le maillot bleu et blanc, ce qui en fait le meilleur buteur olympien de tous les temps en championnat.
Né à Arvika en Suède le 14 août 1928, Andersson se distingue dans les équipes de jeunes de l’IFK Arvika puis au sein de l’équipe première de l’IFK Amal. Il rejoint alors en 1949 l’IFK Göteborg, grand club suédois. Il évolue ensuite au KB Boldklub en 1950 et à l’occasion d’un tournoi organisé en terres catalanes, Gunnar Andersson tape dans l’oeil d’un certain Louis-Bernard Dancausse, président de l’Olympique de Marseille. Dancausse propose alors un contrat à Andersson.
Le Suédois (1m75) l’accepte et rejoint l’OM à l’hiver 1950. Gunnar n’est alors pas très connu dans son pays malgré ses nombreux buts lorsqu’il rejoint Marseille. Son arrivée dans le club phocéen est rocambolesque. Dancausse avait tout fait pour que Gunnar Andersson arrive à l’OM dans la plus grande discrétion et pour qu’aucune information ne filtre. Mais le président, en conflit avec la presse locale, allait vite déchanter.
KIDNAPPÉ À AVIGNON
Avant de rejoindre le Sud de la France en train, Gunnar reçoit un télégramme qui lui indique de descendre à Avignon où une voiture l’attend pour le conduire à Marseille. En gare d’Avignon, Andersson est “kidnappé“ par deux journalistes du Soir, Raymond Gimel et Lucien d’Apo. Un enlèvement symbolique et avec deux objectifs pour les journalistes : avoir l’exclusivité grâce aux déclarations d’Andersson et faire un pied de nez au président Dancausse. Avant d’écrire leurs papiers, Gimel et d’Apo prennent le soin de déposer le Suédois à l’hôtel Arbois, situé en face de la gare Saint-Charles où l’inquiétude et la colère monte chez Dancausse.
Mais Andersson est à Marseille et sa folle aventure commence enfin ! Il s’acclimate très rapidement en Provence et comme un pur marseillais, il apprécie beaucoup le pastis. Il inscrit même un triplé le 5 septembre 1954 contre le CO Roubaix (5-2) alors qu’il avait bu dix pastis avant la rencontre à cause d’un pari perdu avec un coéquipier.
Surnommé à ses débuts Monsieur “10h10“ pour sa manière de marcher comme un canard, Andersson dispute son premier match lors de la 17ème journée de championnat contre Rennes le 17 décembre 1950 (1-1). Il inscrit ses premiers buts en claquant un doublé à Toulouse le 31 décembre 1950 (0-4). Dès sa première saison, le résident du quartier de Montolivet termine meilleur buteur olympien en championnat avec douze réalisations. Lors de la saison 1952-1953, le Scandinave fait trembler les filets à 35 reprises en championnat, un record à cette époque !
MONSIEUR CINQUANTE POUR CENT
Il est par la suite surnommé “Monsieur cinquante pour cent“ pour sa faculté à inscrire plus de la moitié des buts de son équipe et termine meilleur buteur de l’OM jusqu’en 1958. La spécialité de Gunnar est de faire un crochet ultra-rapide du pied gauche puis de déclencher une frappe puissante du droit. Il ne bouge pas beaucoup sur le terrain mais dès qu’il se trouve dans la surface de réparation, c’est un redoutable buteur capable d’exploits.
Malgré des moyens physiques limités, Andersson marque durant sa période marseillaise pas moins de 2 quadruplés, 10 triplés et 34 doublés pour 194 buts au total toutes compétitions confondues ! Il sera finaliste malheureux de la Coupe de France en 1954 avec l’OM face à Nice (2-1), match durant lequel il inscrit un but mais il remporte la Coupe Charles Drago trois ans plus tard en 1957. Gunnar ne remporte qu’un seul trophée avec le club provençal en huit saisons mais apparaît comme un rayon de soleil dans les tristes années 1950 de l’OM.
Andersson se distingue aussi par des buts gags. Le 17 décembre 1957 au stade Vélodrome, l’OM affronte Reims et à la 20ème minute, le Marseillais inscrit un but. Mais les Rémois se précipitent vers l’arbitre pour lui montrer que le filet est troué et que le ballon est entré par là. L’arbitre accorde le but. Un but insolite. Andersson, alors sur la pente descendante, quitte l’OM à l’été 1958, un an avant la relégation du club en deuxième division. Sous la tunique marseillaise, “Monsieur cinquante pour cent“, naturalisé français en 1954, aura connu une sélection en équipe de France B contre l’Italie (match disputé au Vélodrome), rencontre durant laquelle il ne se mettra pas en valeur.
Après son passage dans la cité phocéenne, Andersson évolue successivement à Montpellier, Bordeaux, Aix-en-Provence, CAL Oran, AS Gignac et l’IFK Arvika. Mais faible de caractère et influençable, il tombe sérieusement dans l’alcool à la fin de sa carrière et connaît des problèmes à cause des « petites boissons jaunes distillées par le diable » comme il le dit dans une lettre destinée à sa mère. Il meurt à Marseille le 1er octobre 1969 à 41 ans victime d’une crise cardiaque. Il s’écroule rue Breteuil après être allé récupérer des places au siège du journal Le Provençal pour le match de Coupe des coupes entre l’OM et le Dukla Prague. Il décède à quelques centaines de mètres du stade Vélodrome, l’endroit où il a écrit sa légende.