Goethals. Lorsque ce nom est prononcé, les Marseillais se souviennent d’une glorieuse époque. À coup sûr la meilleure dans l’histoire de l’Olympique de Marseille. Raymond Goethals est une légende dans la cité phocéenne. Un entraîneur qui a soulevé le trophée le plus prestigieux avec le club phocéen : la Ligue des Champions.
Surnommé “Raymond la Science“, Goethals est né le 7 octobre 1921 à Forest en Belgique. Il débute le football au poste de gardien de but au Daring Bruxelles en 1941 et termine sa modeste carrière au Racing Bruxelles onze ans plus tard. Mais c’est en tant qu’entraîneur qu'il va écrire sa légende.
Il commence sa carrière de coach dans son pays natal et entraîne successivement le RFC Hannutois, le RS Waremme FC et le Saint-Trond VV. Il est d’ailleurs vice-champion de Belgique avec Saint-Trond VV en 1966 avec peu de moyens. Il devient en 1968 le sélectionneur de la Belgique et emmène les Diables Rouges à la troisième place de l’Euro 1972. Le “sorcier belge“ devient ensuite l’entraîneur d’Anderlecht, club dans lequel il passe trois ans (1976-1979) et où il remporte en 1978 la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe ainsi que deux éditions de la Supercoupe d’Europe (1976, 1978). Partout où il passe, Goethals impose sa patte.
Il connaît durant la saison 1979-1980 un court passage à Bordeaux et pose ses valises à Sao Paulo lors de l’exercice 1980-1981. Il remporte d’ailleurs le championnat régional avec le club brésilien. Fumeur invétéré de Belga, il regagne sa terre natale en 1981 et entraîne durant trois ans le Standard de Liège (1981-1984), le temps d’être sacré champion de Belgique à deux reprises (1982, 1983) et de glaner deux éditions de la Supercoupe (1981, 983).
Après le Brésil, la France et son pays, Goethals coache ensuite au Portugal au Vitoria Guimarães pendant un an avant d’être nommé manager du Racing Jet et d’entraîner de nouveau Anderlecht. Il gagne deux éditions de la Coupe de Belgique durant son deuxième passage chez les Mauves (1988, 1989).
l'histoire commence en 1991
Il regagne ensuite la France où il connaît un deuxième passage à Bordeaux. Mais en janvier 1991, Goethals arrive dans un autre club français, un club prestigieux : l’Olympique de Marseille. En début de saison, le boss marseillais Bernard Tapie limoge Gérard Gili et Franz Beckenbauer est nommé à la tête de l’équipe première. Mais les résultats de l’Allemand sont sont insatisfaisants pour Tapie qui décide en janvier 1991 de nommer Goethals.
Pour sa première sur le banc marseillais le 13 janvier 1991, l’OM l’emporte 7 buts à 0 contre Lyon au Vélodrome ! Papin inscrit un quadruplé. Le début d’une belle histoire d’amour entre Marseille et le Belge. “Raymond la Science“ mène l’OM au titre de champion de France en 1991. Mais ses joueurs échouent de justesse en finale de la Coupe d’Europe des clubs champions face à l’Étoile Rouge de Belgrade à Bari le 29 mai (0-0. 5 tab 3) ainsi qu’en finale de la Coupe de France contre Monaco le 8 juin (1-0). La même année, Goethals reçoit le “Banc d’or“, un prix qui récompense le meilleur entraîneur européen.
deux départs, deux retours
Mais le Belge quitte le club provençal à l’été 1991. Tomislav Ivic est alors nommé entraîneur mais Goethals effectue son retour à la tête de l’équipe première en octobre. Le natif de Forest remporte à nouveau le championnat de France avec Marseille en 1992 mais ses hommes sont éliminés par le Sparta Prague en 8e de finale de la Coupe d’Europe des clubs champions. Une déception.
A l’issue de la saison 1991-1992, des départs majeurs sont enregistrés notamment ceux de Papin, Mozer et Waddle. La fin d’une époque. Tapie obtient alors les signatures de Völler, Bokšić, Ferreri, Eydelie, Desailly, Barthez, Omanbiyik et Martin Vasquez. Goethals laisse sa place à son adjoint Jean Fernandez mais le Belge fera son retour en novembre.
goethals dans la légende
Et le 26 mai 1993, Goethals entre dans la légende. Il remporte avec l’OM la Ligue des Champions face au grand Milan AC à Munich grâce à un but de Basile Boli sur corner (1-0). Le Belge demeure aujourd’hui encore le seul entraîneur à avoir remporté la Ligue des champions avec un club français. Trois jours plus tard, son équipe est sacrée championne de France au Vélodrome contre Paris (3-1).
Outre ses succès, Goethals est un homme à part. Une anecdote entre lui et Éric Cantona en atteste. Un jour, Cantona lance à Goethals : “On ne met pas Canto sur le banc.“ Goethals lui rétorque : “Prends une chaise et assieds-toi à côté alors.“
Le 26 mai 1993, à huit minutes de la mi-temps lors de la finale de la Ligue des Champions contre l’ogre milanais, Goethals veut sortir Boli, blessé. Mais Tapie l’en empêche à l’aide d’un talkie-walkie. Rudi Völler souffle à Goethals qu’il faut sortir Boli mais l’entraîneur belge lui répond : “Mais il ne veut pas l’autre con.“ La suite, on l’a connaît…
Certains reprochaient au sorcier belge son côté conservateur car il préférait s’appuyer sur des joueurs d’expérience plutôt que sur les jeunes. Mais l'Histoire lui donne raison.
L’aventure entre Goethals et l’OM prend fin à l’issue de l’exercice 1992-1993. En 1994, il connaît une dernière pige à Anderlecht. Il s’éteint le 6 décembre 2004 à 83 ans à Forest des suites d’un cancer. Marseille ne l’oublie pas. À jamais le premier.